Un bel élan après
la seconde guerre
mondiale
Une trentaine de jeunes sont mobilisés dont quinze prisonniers. Du groupe des adultes, il ne reste pratiquement que les jeunes de 16 à 18 ans. Les Pupilles, eux, sont naturellement trop jeunes pour la mobilisation.
Venir s’entraîner le soir à la Cambronnaise comporte des risques. Les rafles possibles, le climat d’insécurité, le couvre-feu dissuade les jeunes de quitter leur toit. Pour ceux qui habitent le bourg, c’est plus facile. Mais il faut veiller au camouflage, le couvre-feu doit être respecté.
Il faut peindre et repeindre les vitres en bleu. La lumière électrique ne peut donc être perçue par les avions qui surveillent les mouvements allemands.
En 1940, Maurice Doussin et Louis Hardy qui ont échappé aux camps allemands, reprennent l’entrainement. De 1941 à 1944, quelques concours entre patronages voisins permettent de se faire plaisir.
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Et pour disperser l’ennui, les moniteurs vont se lancer dans LE BASKET. Ils s’entraînent le dimanche ; une cour, un panier et un ballon suffisent. La Cambronnaise compte une équipe junior et une équipe senior. Ils jouent même contre les grands tels que l’Hermine de Nantes.
Joseph Bellefet, Louis Hardy, Roger Leclerc, André Boulestre, René Perraud et plusieurs de leurs amis Goulainais
Aux difficultés liées à la Guerre, s’ajoutent les difficultés d’ordre religieux. Les relations entre les Patronages et l’Eglise se gâtent. Les Patro dirigés par des curés ou des abbés sont accusés d’être « moralisateurs, protecteurs et archaiques », ils ne constituent plus un champ d’évangélisation assez fertile. l’Eglise se tourne vers des actions plus militantes basées sur une pédagogie plus active et plus attrayante : la JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique) et la JAC (Jeunesse Agrigole Catholique).
L’Abbé Plantard, directeur de la Cambro est proche de cette philosophie et essaie de partager ses convictions avec les jeunes gymnastes.
Peu à peu les jeunes se désintéressent de la Cambronnaise, créant chez les dirigeants et les moniteurs d’amères déceptions.
En 1944, Louis Hardy, Maurice Doussin, Baptiste Potinière etc…quittent la Cambronnaise. Certains rejoignent la Bonne Garde de Nantes.
La Cambronnaise est en danger, ces départs créent un climat avec de fortes tensions, les jeunes sont contraints à abandonner le sport qu’ils aiment. En 1945, un nouvel Abbé, l’Abbé Bourdeau est nommé. Des hommes nouveaux s’investissent : Joseph Rivet, Joseph Bellefet, Francis Clétras, Charles Huchet.
L’effectif est en baisse, il faut recruter ! et petit à petit l’activité redémarre. La solidarité, l’amitié, l’intérêt profond pour la gym sont les maîtres mots de ce succès. Les équipes se reconstituent.
Saint-Sébastien a beaucoup souffert des bombardements particulièrement les biens paroissiaux : la cure, le chœur de l’église, les écoles Notre-Dame et Sainte Thérèse.
Il faut reconstruire et l’argent manque. A ces difficultés s’ajoutent le départ de 5 dirigeants de la Cambronnaise.
Le nouveau Directeur l’Abbé Bourdeau fait appel à l’abnégation, l’esprit de discipline et d’union et au sens chrétien de chacun ».
« Le bourg est devenu inhabitable. Quatre foyers seulement s’obstinent à demeurer sous les toits troués. » Archives Paroissiales, 1909-1961
« Le 29 août , les Allemands quittent la commune et Saint Sébastien est libérée. »
En 1945, la Musique qui avait cessé ses activités est relancée. Pierre Herniou libéré reprend la direction.
La Musique anime les kermesses, banquets, festivals jusqu’en 1968, elle participe à la Mi-Carême, et particulièrement en 1949 avec « ses grognards impeccables pour leur tenue et pour leur dignité ».
Grâce au professionnalisme et à l’enthousiasme de Pierre Herniou, la Musique connait de beaux succès. L’harmonie avec ses 41 musiciens, une dizaine de clairons et 4 à 5 tambours, collectionne les premiers prix en 1946, 1947, et en 1949, elle remporte le Prix d’Excellence à Machecoul.
à la Mi-Carême de Nantes (1945)
En 1948, la pièce « Bretagne » met en scène la chorale, la Musique de la Cambronnaise. Les filles du Patronage réalisent de magnifiques costumes. Avec un tel succès, cette pièce sera jouée deux hivers successifs.
La scène attire aussi les gymnastes qui créent des numéros d’acrobatie, des numéros comiques.
Les Haugobellos (les trois frères Bellefet et Haugomat)
Les Rouly-Bert (Albert Chasles, Robert Leveau, Roger Levestre et Gilles Hellard).
Les Corpégis (les frères Corgnet et Gilles Hellard).
Ils se produisent même aux Salons Maudit, à l’Apollo, au Champ de Mars, au Théâtre Graslin.
On s’amuse bien et on récolte quelques deniers !… pour la reconstruction du patrimoine paroissial.
Le Cinéma, grâce aux personnes dévouées de l’Amicale fait recette, ses bénéfices seront laissés à la disposition de la Cambronnaise pour faciliter sa survie.
La Gymnastique repart en 1947 grâce à Haugomat, Charles Huchet (Adultes) et Edmond Audouin (Pupilles).
En 1947, à Laval, la Cambro s’engage à nouveau au niveau fédéral.
En 1948 à Paris, les Championnats Fédéraux organisés par la FSF (Fédération Sportive de France – aujourd’hui FSCF) regroupe 8000 gymnastes féminins et masculins, 2000 musiciens au Parc des Princes. Mais ce Championnat laissera de mauvais souvenirs : des gymnastes blessés et une 13e place.
« Participer au Championnat Fédéral, a toujours été (et est toujours aujourd’hui) une dépense importante. Les priorités financières de la Paroisse vont à la reconstruction des écoles. On manque d’argent pour permettre aux gymnastes de participer aux concours. Il faut savoir qu’en 1947, après avoir payé les engagements à la Fédération pour le Concours fédéral de Laval, il n’y a plus un sou pour le transport. J’ai alors osé demander à mon père l’autorisation d’utiliser son camion qui, d’ordinaire, transporte le sable et les légumes. Les gars voyagent assis sur des caisses et des planches à châssis. Mais qu’importe le manque de confort ! Quel plaisir, quel bonheur de vivre ce grand rassemblement fédéral ! Cette nouvelle équipe va se présenter pour la première fois devant un jury du Championnat de France : une certaine émotion collective, mêlée d’appréhension et de bonheur, règne au sein de l’équipe. Malheureusement, une pluie incessante perturbe le bon déroulement des compétitions. La Cambro se classe 20e sur 32 équipes engagées… Un peu déçus, les gyms retrouvent Saint Sébastien à l’issue d’un voyage un peu chaotique… » Joseph Rivet.
« L’année suivante, en 1948, la Fédération organise pour son 50e anniversaire le Championnat Fédéral à Paris. 2000 gymnastes féminins, 6000 gymnastes masculins et 2000 musiciens avec leurs 400 drapeaux donnent une fête grandiose au Parc des Princes.
« Malheureusement, nous gardons de mauvais souvenirs de ce Championnat : trois gymnastes se blessent, engendrant la perte d’une soixantaine de points : un lourd handicap qui nous classe 13e. »
L’Abbé Bourdeau écrit au retour :
« Les accidents nous laissent un pénible souvenir de ce concours. A cela s’ajoute une réception distante des Parisiens : couchage sur la terre, dans la paille, nourriture défectueuse. Nous sommes revenus sales, fripés, déprimés… »
De gauche à droite et de bas en haut,
au 1er rang : P. Lefort, M. Théard, R. Sevestre, R. Thibaud, A. Chasles, S. Théard
au 2e rang : R. Théard, F. Corgnet, J. Péneau, M. Cosseau, L. Bellefet, R. Corgnet, M. Thébaud, G. Rousseau
au 3e rang : P. Leveau (Président de la Cambronnaise), Y. Tessier, R. Leveau, R. Corgnet, J. Bellefet, G. Hellard, R. Gaudin, J. Rivet, Abbé Bourdeau
Au début des années 50, un manque d’autorité, de discipline déstabilise à nouveau la société de gymnastique : certains gymnastes abandonnent. L’équipe Adultes est anéantie et ne participera pas aux Championnats en 1955 et 1956. L’équipe Pupilles, elle, se classe sur le podium en 1954 à St Malo et en 1955 à St Nazaire.
La Musique
Le Prix d’Honneur et d’Excellence récompensent très souvent leurs interprétations. En 1955, Louis Merrien succède à Pierre Herniou. L’apprentissage du solfège auprès d’élèves assidus et enthousiastes permet d’accéder à un répertoire plus varié. On recrute des jeunes clairons. Les tambours préparent les concours individuels. Les succés lors de la Mi-Carème, des fêtes et kermesses suscitent l’admiration d’un public et le désir de participer à différentes compétitions musicales.
En 1960, la Cambro adhère à la Fédération des Sociétés Musicales de Bretagne et d’Anjou.
La Présidence assurée par Pierre Leveau depuis 1924 (30 ans) est confiée à Francis Maura (gymnaste et musicien) puis à Edouard Olive.
En 1956, Joseph Rivet qui était secrétaire, accepte la Présidence (qu’il occupera pendant 33 ans jusqu’en 1989).
Un nouvel élan est amorcé… mais il faut retrousser les manches et agir… Le nouveau Président sollicite le retour de Louis Hardy (après quelques années au service de la Bonne Garde de Nantes) ce qu’il accepte. Grâce à sa passion pour la gymnastique, ses exigences pour la discipline, l’effort, le respect des autres et l’amitié, l’équipe Adultes se remet en ordre de marche. Après 4 années d’absence, ils retrouvent le bonheur de participer au Championnat Fédéral à Brest où ils se classent 5e.
« De retour à Saint Sébastien, les personnalités les attendaient : Monsieur Verbe, maire de Saint Sébastien, et les membres du Bureau. Fiers de leurs résultats, les gyms revêtirent leur survêtement et défilèrent « crânement, chanson aux lèvres, traversant le bourg pour se rendre à la Cure ». Autour de quelques bonnes bouteilles, on écouta le discours des gyms (les discours appartiennent habituellement aux dirigeants et non aux gymnastes !). « Nous fêtons ce soir un double événement : la résurrection de la Cambronnaise qui reprend la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter, et le retour de notre ami Louis Hardy. Le succès est dû en grande partie à sa persévérance, à ses compétences et à son travail de 10 mois qui placent la Cambronnaise à l’honneur dans la F.S.F. Toute la section doit y être associée. Grâce à la compréhension de tous, à la bonne volonté et au dévouement des Anciens qui sont revenus prendre leur place dans le rang. La Cambronnaise continuera de marcher sur les traces de ses Anciens. Vive la Cambronnaise ! Rendez-vous en 1958 à Paris pour le Championnat du Soixantenaire de la Fédé !. »
Le souffle retrouvé au sein de l’équipe Adultes stimule l’ensemble des hommes de la Société. Les effectifs de l’équipe Pupilles, dirigée par Albert Chasles, passe de 40 en 1957 à 145 en 1960 (phénomène lié aussi à la croissance démographique de l’après-guerre).
En 1959, 145 Pupilles, 25 Adultes, 40 musiciens s’engagent au Championnat Fédéral au Mans. La grande victoire de cette année 1959 reste l’unité retrouvée.
A cette époque, la gymnastique c’était :
- une course de 50m
- le saut en longueur
- le saut en hauteur
- les exercices à la barre fixe, aux barres parallèles, au sol, et au saut de cheval
- le mouvement d’ensemble
- le Chant Fédéral (noté lors des Championnats) [cliquer sur le lien pour l’écouter]
Les entraînements se déroulaient dans la cour de la Cambro, sur la Grève, sous le préau de l’Ecole Sainte Thérèse.
On transportait, par camion, les agrès de la Cambronnaise à l’école. On les installait et on les démontait à la fin de l’entrainement.
De telles conditions rendaient le travail presque impossible.
La solution : construire un gymnase avec quelles finances ?
Suite à la reconstruction du patrimoine paroissial, il est difficile de compter sur la Paroisse. Un soutien financier extérieur s’avère indispensable. Sous la houlette d’Henri Doussin, on établit un découpage de la commune par quartiers. Des « membres actifs » dévoués et volontaires vont solliciter un grand nombre de sébastiennais.
En 1957, sont créées les « cartes de membres honoraires ». La solidarité grâce à cette ouverture vers l’extérieur porte ses fruits.
La famille Cambro grandit et a besoin de se structurer. En 1958, c’est la NAISSANCE DE L’AMICALE, on définit des activités, les responsables sont membres du Bureau.
L’apport financier assuré par les dons (liés aux cartes de membres honoraires) permet une plus grande autonomie de gestion vis à vis de la Paroisse.
La construction du gymnase devient désormais réalisable après l’achat du terrain aux frères Nectoux.
Musique et gym sont en pleine progression. L’amicale constitue une ressource précieuse, perspective d’un avenir plus serein.